Un week-end en têtes de rivière… et en régate sur le lac de Saint-Cassien
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21 mars 2024Jamais médaillé en tant que rameur, mais détenteur de deux titres olympiques en tant qu’entraîneur, ce n’est pas rien. Cela valait la peine que Mag Aviron se penche sur le cas d’Alexis Besançon, technicien incontesté et incontestable de l’aviron français. On vous en donne un aperçu avant le prochain numéro de Mag Aviron, à paraître après les championnats de France bateaux courts.
Franc-comtois, Jurassien (et fier de l’être), il aurait pu être professeur d’histoire-géographie. Un objectif qu’il a nourri jusqu’en classe de seconde, avant de changer d’orientation pour choisir l’enseignement du sport. Le sport, une passion qu’il a pratiquée : le judo d’abord, le rugby, mais aussi le vélo. “Pas le choix pour aller d’un endroit à un autre”, comme il l’explique, dans le Haut-Jura qu’il affectionne particulièrement. Au lycée à Lons-le-Saunier, c’est en fin de classe de seconde qu’il découvre l’aviron, à Dole. “Ca a été une révélation, un sport d’endurance, de glisse, avec des notions de persévérance. Je sortais du rugby avec un rapport à la douleur particulier, ça a matché tout de suite. Dès la classe de première, je voulais toujours être prof, mais d’EPS, j’avais envie de faire profiter les autres de tout ça”.
L’aviron l’absorbe, il prépare le concours d’entrée en UFR Staps et fait sa terminale à Dole, à proximité du club. Il part ensuite à la fac de Dijon, y passe sa licence, puis sa maîtrise avec la mention éducation et motricité. “Ce n’était pas le mieux pour réussir en tant que rameur, mais ma vocation avant tout était l’enseignement”. Il continue à ramer, “à un petit niveau national”, terminant entre la 7e et la 12e place aux France bateaux courts chez les poids légers, et passe ses brevers fédéraux d’initiateur, d’éducateur et entraîneur, le brevet d’Etat premier degré dans ce double cursus.
C’est à ce moment-là que Claude Jacquier, responsable de sa promotion d’entraîneurs, le repère. “Yannick Le Saux, le DTN de l’époque, me repère aussi et me dit qu’il est possible de me détacher de l’Education nationale pour entrer à la Fédération d’aviron”.
Il enseigne tout de même deux ans en tant que professeur d’EPS à Argenteuil, pendant que le DTN fait de pieds et de mains pour le récupérer. Il devient alors conseiller technique régional en Bourgogne pendant 4 ans, puis travaille sur la formation les quatre années suivantes, tout en commençant à entraîneur les équipes engagées en coupe de la jeunesse avec Claude Jacquier. “J’ai fait mes armes au plus petit niveau. J’ai ensuite animé l’équipe territoriale, je suis devenu responsable de la coupe de France. Ensuite, on m’a demandé d’entraîner en U23 et, en 2009, Jean-Raymond Peltier m’a demandé d’intégrer le staff de préparation olympique”.
Les qualités d’un bon entraîneur
Plutôt que de pratiquer, Alexis Besançon a immédiatement fait le choix d’entraîner. “Ce qui m’anime dans le rôle d’entraîneur, c’est de permettre à un élève ou un athlète d’atteindre la pleine mesure de son potentiel, de progresser, c’est pour ça que je voulais être professeur d’EPS. Dans l’écoute, la co-construction, d’aller chercher tous les boutons sur lesquels on peut appuyer pour que la personne en face de soi s’épanouisse complètement. C’est la priorité, pour être un bon entraîneur, c’est un bon moteur. Les athlètes qu’on entraîne portent des valeurs, il faut être capable aussi de les porter, les incarner par la rigueur du travail, par la persévérance, le dépassement de soi”.
La petite phrase
Ceux qu’il a entraînés retiennent d’Alexis Besançon les petites phrases, les dictions, qu’il donnait à chaque compétition. “Je le fais moins, il y avait ce rituel du carnet, de la petite phrase, un fil rouge qui incarnait l’attitude qu’il fallait avoir sur la compétition pour laquelle tout le monde avait travaillé, mais aussi quelque chose qui était construit de longue date, qui s’inscrivait dans leur histoire. Pour moi, cela donne du sens, c’est aussi là une clé. Dans le mot entraîneur, il y a le mot entrain. L’entraîneur doit apporter de l’entrain, de la motivation mais aussi un climat de travail, de la bienveillance, du sourire. On sait que dans un sport dur comme le nôtre, si on est un entraîneur dur, avec le fouet tout le temps, ça ne tient qu’un temps”.
Un souvenir marquant, fruit d’une revanche sur Londres 2012, l’embarquement de Jérémie Azou et Stany Delayre qui sont en finale contre les Anglais, sur le territoire anglais, il se souvient alors d’une petite phrase qu’il a lâchée à ses athlètes : “Dieu ne peut pas sauver la reine tous les jours. La magie de l’événement fait qu’ils gagnent et, qu’effectivement, Dieu n’avait pas réussi à sauver les Anglais ce jour-là”.
L’aventure avec le deux de couple masculin
S’il a déjà connu une médaille olympique avec le deux de couple poids léger de Pierre Houin et Jérémie Azou, il en a connu une seconde à Tokyo avec Matthieu Androdias et Hugo Boucheron. “Les garçons étaient finalistes à Rio, médaillés aux Europe, ils étaient capables d’être performants. En 2017, ils gagnent leur demi-finale, et bien, et en finale, ils ne montent pas sur la boîte. Forcément, on se dit qu’il y a la matière pour, et cela nous donne quelques idées pour aller creuser là où on peut gagner en régularité”. L’idée de les voir médaillés olympiques n’est pas venu tout de suite. Mais comme on gravit une montagne, on y va par étape. “Soit on se focalise sur l’objectif, la finalité, et c’est paralysant, soit on voit le chemin, ce qu’il faut mettre en place pour y arriver”.
Quand on lui demande ce qui fait sa réussite, s’il y a une méthode Besançon, la réponse ne traîne pas : “j’ai eu à entraîner des athlètes exceptionnels, qu’il fallait accompagner, c’est tout. Il faut mettre les athlètes avant tout”.
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