A l’occasion de son congrès annuel, World Rowing a pris des décisions marquantes et impactantes pour ses trois piliers : l’aviron classique, l’aviron indoor et l’aviron de mer. Des changements issus du fruit de longues discussions et réflexions, mais que l’on sentait venir.

Jean-Christophe Rolland avec Thomas Bach lors des JO de Paris 2024. ©Eric Marie-Mag Aviron
“To change or to be changed”. C’est le slogan que martèle depuis plusieurs années Jean-Christophe Rolland, président de World Rowing. Le Français ne cesse de le dire, et l’a confié à plusieurs reprises à Mag Aviron. “Le sport est en constante évolution. Si l’on ne veut pas se faire rattraper, ou si l’on ne veut pas subir, il faut admettre de devoir changer notre sport”.
Plus attractif, plus vendeur, plus visible, plus clair… Il suffit de regarder les engagements sur les championnats du monde pour comprendre qu’il fallait du changement… et vite. Car comme le répétaient les instances de World Rowing, la diffusion des courses devenait de plus en plus compliquée à trouver preneur. Les fédérations nationales elles aussi pouvaient y perdre leur latin – et leur argent – dans un programme long, touffu, et avec des disciplines ne comptant parfois pas plus de trois bateaux… voire moins.
L’une des mesures concerne tout justement ce programme, en particulier celui des championnats du monde. Ainsi, certaines disciplines ont été supprimées du programme. Cela avait déjà été le cas, en 2016, du huit poids léger. De quoi rendre les compétitions plus attractives pour le public, en supprimant des courses dans lesquelles le seul enjeu était l’ordre du podium. Va-t-on vers un raccourcissement de la durée des mondiaux ? Cela faisait aussi partie des réflexions de Jean-Christophe Rolland, en 2023, lorsqu’il avait abordé cette question avec Mag Aviron. “La longueur des championnats influe sur leur coût, et les fédérations nationales doivent toutes se serrer la ceinture dans cette conjoncture”.
Une autre mesure qui pourrait elle aussi réduire la durée des compétitions est la suppression des repêchages. Les championnats seraient ainsi plus lisibles pour le grand public, mais avec un couperet plus direct, les courses seraient également plus vivantes.
Enfin, et c’est sans aucun doute la mesure la plus marquante, World Rowing introduit une nouvelle discipline au programme de ses événements, avec un premier test qui sera réalisé dès les coupes du monde : le huit mixte. Là aussi, cela fait un moment que Jean-Christophe Rolland y pensait et plus globalement à la mixité. “C’est une piste qu’il faut absolument étudier, depuis le temps qu’on en parle ou qu’on a commencé à en parler. A chaque fois qu’on y réfléchit, je demande s’il y a un argument pour ne pas le faire, sans chercher les arguments pour le faire car on les connaît. A ce jour, personne ne m’a apporté un argument qui empêcherait le faire”. Les arguments sont multiples. En premier lieu, le public – et donc par extension le CIO – adore ça. On peut en outre, pourquoi pas, envisager de mutualiser les équipages entre plusieurs disciplines, en doublant. Sur le beach rowing à Los Angeles 2028, les athlètes qui rameront en solo composeront également les doubles mixtes.
En touchant à sa catégorie reine, World Rowing a ouvert la boite de Pandore, mais aussi à de multiples opportunités.
Fabrice Petit